mercredi 28 mars 2012

Semblable automatique

Dans la cacophonie actuelle, on finit par perdre son latin devant les étiquettes de gauche et de droite qui sont apposées à la légère. Dans l’esprit de plusieurs, être à gauche est progressiste, tandis qu’être à droite est ordonné.

On est à droite si on favorise une approche autoritaire, qu’on ne ménage pas les criminels et qu’on appuie la réduction de l’État – avec l’allégement de la fiscalité à la clé.

On est à gauche si on fait preuve de tolérance et d’ouverture, qu’on favorise l’inclusion de tous et qu’on protège l’État-providence – malgré les charges que cela peut représenter.

Images d’Épinal qui se trouvent rapidement prisonnières de leurs contradictions. Comment peut-on être de gauche et demeurer totalement ouvert à la liberté religieuse dont l’un des principes est justement l’autoritarisme, la rigueur et l’exclusion? Comment peut-on être de droite et favoriser les peines maximales pour les criminels sans être obligé de construire des prisons et d’accroître ainsi la taille de l’État et le fardeau fiscal?

Les concepts se sont progressivement vidés de leur sens à mesure que les représentants des deux tendances ont pris position dans les complexes et nombreux dossiers qui marquent nos sociétés. Il a bien fallu que, de part et d’autre, on enfourche ses chevaux de bataille, quitte à ce que le fichu canasson entraîne les duellistes dans une zone grise où ils se sont irrémédiablement embourbés.

Gauche et droite, pourtant, sont à la base des concepts très simples et totalement dénués d’ambiguïté. Il s’agit de deux manières de concevoir la société. Ou bien les humains doivent s’adonner au chacun pour soi où les personnes doivent s’approprier de la plus grande part de la richesse collective à titre individuel. Ou bien les sociétés humaines sont des communautés où cette richesse collective est la propriété de l’ensemble et doit en conséquence être répartie équitablement.

En d’autres termes, l’humain, là, à côté de vous, c’est un semblable ou c’est un guichet automatique? Et si c’est un guichet automatique, dites-vous que, à force de ne rien y déposer, vous finirez immanquablement ruiné.


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