Pour tenter de mettre fin à la grève étudiante, la ministre Beauchamp a annoncé [entre autres] l’instauration d’un mécanisme de remboursement proportionnel au revenu (RPR). [...]
Il faut rappeler que le RPR a été conçu par l’économiste Milton Friedman en 1955 avec comme objectif explicite de «dénationaliser (…) l’industrie (sic) de l’éducation», ce qui veut dire diminuer, voire abolir, le financement public de l’éducation pour la financer plutôt par des prêts, c’est-à-dire par l’endettement personnel.
C’est la tendance qu’on suivi l’Angleterre et l’Australie après l’instauration du RPR. Initialement, il s’agissait de rendre une première hausse des frais de scolarité acceptable en pelletant le problème en avant sous forme d’une dette à rembourser après les études. Rapidement, cependant, les universités et le gouvernement ont profité de l’existence de ce mécanisme pour augmenter à répétition les frais de scolarité. En 1998, la Grande-Bretagne pratiquait la gratuité scolaire; plus tard, en 2012, les frais atteignent près de 15 000$ par année, et l’endettement étudiant moyen est passé de 26 000£ à 54.000£, c’est-à-dire environ 84 000$.
Sur le RPR et l’assurance-qualité
Eric Martin, le blogue de l’IRIS, 17 avril 2012
• • •
Nombre d’étudiantes et d’étudiants découvrent maintenant que le monde de la marchandise n’en est pas un qui écoute. Il ne parle ni ne discute: il ordonne. Ses mots et ses phrases sont ceux de la propagande. Les gouvernants exécutent ses diktats, et envoient la police et ses matraques mater les récalcitrants qui osent élever leurs voix contre l’inquestionnable marche de la machine. La valeur, les voitures, l’information doivent circuler en continu, les gens doivent tenir leur poste et se taire. La croissance infinie a besoin que l’on installe partout l’esprit de l’égoïsme, de la concurrence, de l’opportunisme, de la méfiance. Silence, on accumule!
Il est normal que la grève choque notre société. Elle est la réplique aux mensonges qui enserrent nos vies et nos pensées. Une réplique à ceux qui réduisent la liberté à sa dimension égoïste, une réplique à la démocratie formelle qui fait de nous les spectateurs du pouvoir exercé en notre nom, une réplique à ceux qui veulent qu’on transforme notre temps, nos vies, la culture, l’art et la beauté en marchandise sans qualité. Autrement dit, elle est une réplique aux mensonges qu’on se raconte en faisant semblant d’y croire.
Faire taire les cadavres
Le blogue de Marc-André Cyr, Voir, 16 avril 2012
Les deux liens qui précèdent proviennent d’un commentaire à cette lettre au Devoir.
• • •
L’état de la société, quand on le mesure à l’aune des notions d’égalité, de solidarité et de transparence, notions à la base de la Révolution tranquille, n’en finit plus de se dégrader. L’écart entre les riches et les pauvres se creuse, et cela, dans la quasi-indifférence. Quelques écervelés dénoncent, ces jours-ci et de temps à autre, les inégalités et les injustices, mais la rumeur s’apaise sitôt née. Et nous passons à autre chose. C’est à peine si nous nous souvenons du discours des indignés de Montréal et d’ailleurs, discours dénonçant le fait que 1.% des citoyens accapare la plus grande partie de la richesse du monde, laissant aux autres – 99 % de la population – l’immense chance de se partager ce qui reste. Et nous devrions remercier ces richissimes bourgeois de nous si bien traiter, de nous si bien gouverner, d’être si généreux. C’est ainsi que l’élite politique et économique mine la force du peuple en le déshéritant, en le spoliant et en lui faisant croire que tout cela est naturel ou normal.
Pour les Gabriel, Martine et Léo de ce monde
Sonya Morin, lettre au Devoir, 30 avril 2012
• • •
Même André Pratte se plaint de la tyrannie de la minorité.
Sauf que lui, bien sûr, ne parle pas du 1 %...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire