Vous souvenez-vous? À l’époque où les bons libéraux de John
James Charest ont pris le pouvoir? Dans le temps où tout ce qu’on appelait le
«modèle québécois» était juste bon à jeter à la poubelle? C’est alors que les
libéraux, néos et autres, lucides et consorts ont parlé de réingénierie de
l’État.
On nous avait expliqué à nous, pauvres obtus de gauche, que
l’ancienne façon de faire et de penser ne pouvait pas fonctionner et que, plus
important encore, les gens n’en voulaient plus. Il leur fallait de l’efficacité
et, surtout, de la création de richesse. Bref, comme chaque fois qu’on prétend
savoir ce que les gens pensent, on se trouvait carrément à côté de la plaque.
Neuf longues années – c’est pas loin d’une décennie, ça – à
constater les échecs successifs de cette politique qui n’a abouti qu’à fermer
des usines, perdre des emplois, dilapider nos ressources naturelles ainsi que
notre richesse collective et appauvrir un peu plus les gens. Exception faite de
ceux qui magouillent dans le giron du Parti libéral du Québec, bien entendu.
Après tout cela, on nous annonce haut et fort que nous n’avons plus les moyens,
à commencer par les universités.
Or que constate-t-on, aujourd’hui? Que, finalement, les gens
restent attachés au «modèle québécois». Peut-être pas tous, puisque plus de la
moitié de la population, apparemment, appuie le gouvernement dans le dossier
des frais de scolarité. Là-dessus, combien sont tout simplement las de cette
crise qui n’en finit plus et qui souhaitent que ça se règle le plus tôt possible,
et à n’importe quel prix? Sans mauvais jeu de mots.
Qu’importe, d’ailleurs, car même si M. John James Charest
réussit à asséner, dans tous les sens du mot cette fois, son augmentation aux
étudiants et à leurs parents, même s’il finit par pavoiser en faisant passer pour
une éclatante victoire son incapacité crasse à gérer adéquatement le conflit,
il aura perdu quand même. Car au-delà des milliers de dollars d’augmentation
des frais de scolarité qu’il aura fallu pour «faire comme les autres provinces
cAnadiennes» – ce que nous ne sommes pas –, c’est toute une idéologie qui se
sera heurté à un mur.
Ce n’est pas seulement la résistance des étudiants qu’on
sent, désormais, c’est la sourde hostilité qu’éprouve toute une population
réalisant qu’on est en train de l’arnaquer.
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