lundi 16 mars 2009

Comme une lettre à la poste

L’École des facteurs | Jacques Tati (1947)

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On l’a encore lu, vu et entendu ce matin, les manifestants sont des délinquants violents et irrationnels. Reçu 5 sur 5.

Puis, Dick Cheney nous rappelait que lui et George W. Bush ont rendu les États-Unis plus sécuritaires tandis que le président Obama met le pays en danger. Bien reçu.

On se souvient de la guerre éclair en Afghanistan qui avait réglé le cas des Talibans une fois pour toutes. On se souvient de la mission accomplie en Irak, qui menaçait la sécurité des États-Unis et du monde libre – à moins d’une heure de portée des missiles nucléaires que Saddam empilait dans d’immenses entrepôts secrets. Sans oublier ses laboratoires d’armes bactériologiques dont on avait même des photos satellite... Reçu, dix fois plutôt qu’une, oui.

Ce matin, AIG a réussi à choquer l’opinion publique avec ses «primes à la performance» et le détournement des subventions publiques. Mais, que voulez-vous, c’était écrit dans le contrat. Comme ce l’était pour l’ex-patron de la Caisse de dépôt. Un contrat c’est un contrat. Et heureusement. Sinon, où irions-nous?

De toute façon, la crise, on nous l’a bien expliqué au début, c’était la faute des gens qui ont acheté des maisons qu’ils n’avaient pas les moyens de payer. Ne cherchez pas plus loin, ce sont eux les responsables. S’ils avaient payé leur hypothèque comme tout le monde, les PCAA auraient conservé leur valeur et on ne serait pas en crise aujourd’hui.

Ensuite, ce qui a achevé l’affaire, c’est que monsieur et madame Tout-le-Monde ont pris peur. Alors, bêtement, ils ont arrêté de consommer comme des malades, ce qui est pourtant le premier devoir du citoyen consciencieux et désireux d’aider l’économie, son pays et par extension, le monde entier. Au lendemain des attaques du 11 septembre, le président américain l’a bien dit, pour aider votre pays et la démocratie, allez magasiner!

Donc, la crise, c’est de notre faute. Enfin, peut-être pas vous personnellement, mais tous ceux autour.

Et c’est d’ailleurs la même chose pour la pollution, le smog, le cancer, les accidents avec pas de casque, l’obésité, la baisse de la natalité, les algues vertes ou bleues, la dette, alouette!

Tout bien reçu.

Finalement, si on enlève les idées reçues, il ne reste plus grand-chose.

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