vendredi 13 mars 2009

Libre-échange et démocratie sont incompatibles

Voir: Selon vous, c’est le libre-échange qui a provoqué la grave crise économique qui sévit à l’échelle mondiale. Pourquoi?

Emmanuel Todd: «Ne nous leurrons pas! Le libre-échange tend à créer, à l’intérieur des pays développés, des poches de pauvreté dignes du tiers-monde. (...) Maintenir le libre-échange, c’est maintenir la machine à accroître les inégalités socioéconomiques et la machine à accentuer la dépression de la demande

Vous affirmez dans votre livre que le libre-échange intégral et la démocratie sont deux notions totalement incompatibles.

«Absolument. Si vous avez un système économique qui aboutit à la montée des inégalités et à l’appauvrissement de 90% de la population et que celle-ci a le droit de vote, alors vous êtes très embêté. (...) Si la population doit choisir entre des candidats qui, par définition, ne parleront pas de ce qui intéresse le corps électoral, vous n’êtes plus alors dans une vraie démocratie. Vous êtes dans une pseudo-démocratie, où les élites se refusent à prendre en charge les intérêts des populations. Je suis tout à fait sérieux quand je dis qu’il va falloir choisir entre le libre-échange et le suffrage universel!»

Emmanuel Todd – Pour un protectionnisme cohérent
Elias Levy, Voir, 12 mars 2009

1 commentaire:

Allumeur de réverbères a dit…

J'ai lu le bouquin en question, suivant assez régulièrement, depuis "Après l'Empire", les recherches d'E. Todd. Il ne faut pas trop s'éblouir des propositions concernant la question du protectionnisme, qui est certes abordée dans le bouquin, mais qui apparaît dans la presse quotidienne comme une pure réaction au néolibéralisme qui s'effondre, quoi qu'il soit réellement.

Le protectionnisme *raisonnable* (et à l'échelle de l'Europe pour ce qui nous concerne) reste plutôt la conclusion logique d'un exposé argumenté, puissant et pas mal plus profond.

Un livre excellent, avec pour fond, les idées anthropo-économico-démographiques fondamentales que développe Todd depuis des années.