Tandis que je parcourais Montréal au sol, mon regard a été attiré par une bien curieuse installation au faîte d’une façade. Le propriétaire du lieu, sans doute dans l’espoir d’éloigner d’importuns pigeons, a fixé des équerres de métal auxquels pendent, chacun à l’extrémité d’une courte chaîne, deux statuettes de hibou*.
La chose tient bien davantage du gibet que de l’épouvantail, à vrai dire, et, compte tenu de son élévation, peu de piétons lui prêtent la moindre attention. Une bonne chose, car, encore une fois, le spectacle reste un tantinet morbide.
Cependant, quelques pas plus loin, l’ironie prend le dessus rapidement, et on se plaît à songer qu’il s’agit là, plutôt que d’une potence, d’un «gibou»; un gibet où on exécute les hiboux.
En 1027, sur une terre appartenant à Faucon – ainsi se prénommait le vicomte de Paris –, on érige – ou on reconstruit – le gibet qui prendra ce nom, c’est-à-dire, le sinistre gibet de Montfaucon, là où se termine le roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Ce lieu de supplice était réservé exclusivement à la justice royale. Ce n’est donc qu’en 1790, l’année suivant la prise de la Bastille, que le gibet fut détruit en tant que symbole de l’absolutisme. Il est tout de même à signaler que les dernières exécutions à y être pratiquées dataient quant à elles de 1629, environ. Quoiqu’il ne reste plus rien du gibet, on sait aujourd’hui qu’il se dressait à l’adresse parisienne actuelle du 57, rue de la Grange-aux-belles.
Eh bien, en lieu et place d’un gibet de Montfaucon, Montréal possède son gibet de Monthibou…
Dessin du gibet de Montfaucon |
*Aucun rapace n’a été maltraité pendant la rédaction de ce texte.
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