Un cinéaste iranien s'est aventuré sur un terrain glissant. Il a tourné un film portant sur l'enfance de Mahomet, que les mille bénédictions d'Allah pleuvent sur lui.
On se demande un peu comment il a réussi le tour de force de filmer un enfant sans le montrer à l'écran. Oui, car il est considéré blasphématoire de produire des images du prophète, qu'Allah le fasse siéger à sa droite pour toute éternité. Or le cinéaste iranien en question, Majid Majidi, est probablement un chiite, lesquels sont un peu moins coincés sur la question de la reproduction des figures humaines.
Cela explique peut-être pourquoi l'œuvre, qui a connu un très grand succès en Iran, est décriée partout ailleurs dans l'Islam, en particulier en Inde – qui compte encore quelques musulmans – où un groupe a lancé une fatwa contre le film.
Or la production est un double tour de force, si elle ambitionne de présenter la réalité. Car, selon l'historien britannique Tom Holland, la première biographie de Mahomet, que son nom soit béni à jamais, n'a été rédigée que près de 200 ans après l'hégire, l'an 1 du calendrier musulman. Plus remarquable encore, aucune source contemporaine ne mentionne son existence, ni aucune rédigée pendant deux siècles après sa mort, et ce, au sein d'une culture éprise de son art littéraire, profondément intéressée par tous les aspects religieux et historiques, et dont les intellectuels ont été parmi les plus prolifiques s'enorgueillissant de l'importance de leurs bibliothèques.
Il est vrai que personne ne passe plus inaperçu que les hommes remarquables.
Bref, c'est comme Jésus.
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