Laure Waridel, via Voir
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Depuis plus d’une décennie, certains diront trois, de longs hivers rigoureux nous avaient comme endormis. Sous les bourrasques du libre marché, les priorités de la société ont été renversées. La croissance économique est devenue une fin en soi, au profit d’une minorité, plutôt qu’un moyen d’épanouissement individuel et collectif comme le promettaient tant d’économistes depuis la Seconde Guerre mondiale. Si nous pouvions jadis croire à cette utopie, il est aujourd’hui évident que nous nous sommes trompés. L’augmentation des inégalités, l’appauvrissement de la classe moyenne et la multiplication des crises sociales, environnementales et économiques sont les symptômes d’une crise devenue systémique. Nous savons que le roi est nu, mais le mensonge persiste.
De manière insidieuse, nous sommes devenus les variables d’un marché en tant que « ressource humaine », « producteur de biens ou de services », « investisseur », « consommateur » et « bénéficiaire ». Pour faire rouler la machine du consommer-jeter-consommer-jeter, si profitable à l’économie dominante, il faut des ressources. Toujours plus de ressources matérielles et humaines au moindre coût économique possible.
Ce « moindre coût » a pourtant un prix, tant environnemental que social. En économie, on parle d’externalités. Dans ce mot fourre-tout se trouve un ensemble de problèmes pouvant être générés par le modèle économique dominant : la pollution de l’air, de l’eau et du sol, la précarité et les pertes d’emploi, les maladies physiques et mentales (dont les dépressions et les suicides), les changements climatiques, la pauvreté des travailleurs à faibles revenus, la perte de biodiversité, etc.
Pour résumer la chose simplement, le système économique et politique dominant privatise les profits et socialise les coûts. Cette façon de faire a mené les États comme les ménages à des records d’endettement, et ce, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan social et environnemental.
Crise sociale - Le long souffle du printemps érable
Laure Waridel, Le Devoir, 6 juin 2012
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À propos...
Le changement climatique, la croissance de la population mondiale et les dégâts causés à l’environnement pourraient mener à l’effondrement de l’écosystème de notre planète en quelques générations, a averti un groupe de chercheurs mercredi dans la revue scientifique Nature.
[...] Pour y remédier, ils évoquent plusieurs solutions, notamment arrêter tous les modèles de croissance non durable et de gaspillage des ressources naturelles, soulignant que l’effondrement n’est pas inévitable.
Le « point de non-retour » pourrait être atteint d’ici 100 ans
AFP, La Presse, 6 juin 2012
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