mardi 11 mai 2010

Sauver les banques jusqu’à quand?

L’ultimo centesimo, Nino Barbieri, via Wikimedia

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Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, et Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, à l’automne dernier, croyant alors que la crise faisait relâche pour de bon, ont eu l’imprudence, dans un mouvement de soulagement prématuré, de se laisser aller à confier que secourir la finance privée était en soi suffisamment scabreux pour qu’on ne doive surtout pas avoir à le refaire une deuxième fois. C’est pourtant très exactement ce qui est en train de se passer, à ceci près que la médiation opportunément fournie par les dettes souveraines permet de maintenir vaille que vaille l’illusion qu’il s’agit de sauver un État impécunieux (comme tous les États) et rien d’autre. Or aucun État n’est jamais mort de faire défaut sur sa dette pour la simple et bonne raison que l’expression «faire faillite» n’a rigoureusement aucun sens à propos d’une entité politique souveraine – et ceci à la différence des banques privées en 2008 qui, n’eussent-elles été sauvées, étaient, elles, promises au trépas. En bonne logique si l’État ne meurt pas de défaut, ce n’est pas l’État qu’on sauve. Alors qui? Ses créditeurs, bien sûr.

Sauver les banques jusqu’à quand?
Frédéric Lordon, La pompe à phynance, 11 mai 2010
(Via Rezo.net)

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