Le petit Jésus en a ras le bol des cons qui se font crucifier pour rien
Essai frondeur et irrévérencieux qui ne cesse pas pour autant de déranger et d’interpeller le lecteur à tout moment. L’auteur présente quelques cas de ce qu’il appelle le « martyrologue contemporain ». Il s’agit, en fait, d’une liste des personnages marquants du XXe siècle, qui ont souffert ou qui ont littéralement donné leur vie à la cause qu’ils défendaient. Pour cette raison, ils ont été élevés au-dessus du rang de simple mortel, et même au-dessus de celui de héros – et c’est là que l’analyse commence à être véritablement percutante – non pas par leurs fidèles ni même par leurs contemporains. Au contraire, on constate que c’est généralement une vingtaine d’années après leur mort que le processus d’« héroïsation » commence ; et le plus souvent par des personnes qui vivent en dehors de l’aire géographique à laquelle appartenaient les disparus. Afin de donner plus de poids à son analyse, l’auteur entreprend d’établir des parallèles troublants avec certains martyrs chrétiens, et c’est ainsi qu’il établit les règles auxquelles aucun processus de canonisation n’échappe, qu’il soit religieux ou laïque. En outre, l’auteur se livre à une étude implacable de la réalité de la vie tant publique que privée de ces figures légendaires et, surtout, comment l’historiographie s’est attachée à gommer toute référence à leurs faiblesses. Il rappelle que le processus d’« héroïsation » n’est pas entièrement innocent, bien au contraire, mais qu’il constitue une arme parmi d’autres. Enfin, l’auteur établit un bilan complet des répercussions de l’oeuvre et des réalisations à long terme de chacun des personnages étudiés, et ne peut éviter d’en arriver à un constat d’échec retentissant dans la plupart des cas. Il parvient même, en majeure partie, à démontrer que les intentions attribuées a posteriori à chacun n’ont que peu de rapport avec leurs véritables motivations et que, finalement, les accomplissements des grands de ce monde sont bien plus le fruit des actions d’autrui. Un seul personnage parvient à se hisser au-dessus du panier, dirait-on, car il échappe à l’analyse, véritable exception qui confirme la sempiternelle règle : Che Guevara. Les personnages étudiés comptent, parmi les plus connus et comprennent entre autres, les Kennedy, John F. et Robert, envers lesquels l’auteur est particulièrement sévère ; le « Mahatma » Gandhi dont la vie privée, en dehors des jeûnes, n’avait rien de particulièrement édifiant ; Martin Luther King Jr qui, selon l’auteur, n’aura réussi qu’à donner un nom à un jour férié ; le dalaï-lama et mère Teresa dont la plupart des interventions en Occident n’ont jamais visé autre chose qu’à amasser de l’argent ; Léon Trotsky, dont les goûts de luxe lui ont aliéné toute la classe politique soviétique.
– Luther Rathaire – 618 p. – 1992 – Décrié à peu près partout en Occident, cet ouvrage a cependant été traduit en plus de cinquante langues et a connu un grand succès dans presque tous les pays en voie de développement, à l’exception de l’Inde.
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