Pauvre petit peuple québécois, quand te dé-pauvre-petit-peuple-québécoiseras-tu ?
Essai consistant en une charge à fond de train contre le Québec contemporain, ses valeurs actuelles, et surtout sa dépendance quasi enfantine vis-à-vis le géant américain. L’auteur commence par articuler son argumentation autour de quatre grands thèmes qui sous-tendent l’identité des Québécois et autour desquels se cristallise la soi-disant culture québécoise que l’auteur remet en question. En effet, il la dépouille de toute forme d’originalité, n’étant elle-même qu’un emprunt à diverses sources, dont le bassin culturel francophone n’est pas l’apport principal, et de loin. Le premier thème auquel se raccroche tant bien que mal l’identité québécoise tient au mythe du héros. Ce héros est essentiellement le héros sportif, solidement encadré par des règles sur lesquelles il n’a aucun pouvoir. La langue vient en second et, curieusement, le Québécois moyen se soucie assez peu de la qualité de cette langue ni des libertés que d’aucuns peuvent prendre avec elle. Il suffit qu’elle se distingue de la langue prédominante dans le continent nord-américain et, par le même caprice d’exclusion, de la culture qui lui a donné naissance. De sorte que le français tel que parlé au Québec devient en quelque sorte une espèce de mot de passe accentuant l’isolation et la dépossession par rapport à une identité véritable. La notion de santé arrive en troisième lieu. C’est par là que le Québécois semble sublimer, au plan physique, son propre désordre culturel. Enfin, le dernier grand thème de l’identité québécoise qui demeure un incontournable est celui du climat. Il constituait sans doute le plus grand péril qu’eurent à affronter les premiers colons. Bien qu’il soit aujourd’hui dompté grâce aux perfectionnements du chauffage central, le climat demeure encore le grand sujet dont on converse avec le respect dû aux grandes menaces hantant encore l’inconscient collectif. En définitive, l’auteur attribue l’horizon limité des mythes fondateurs de la mentalité québécoise à la croissance interrompue de l’ancienne colonie française par le moment traumatisant et « névrogène » de la Conquête. Avorté et incapable de prendre ses destinées en main malgré les tentatives politiques entreprises depuis, le peuple québécois s’est blotti frileusement autour de ses fantômes. Cette solution due à une profonde immaturité collective n’en est pas une. Le peuple québécois est-il condamné à passer toute son existence dans les limbes politico-nationaux ? Il semble que oui.
– Guy Ledoux – 780 p. – 1997 – Honni tant dans les milieux fédéralistes que nationalistes, cet essai, qui tient davantage du manifeste, a établi contre lui une impressionnante unanimité au Québec. Son auteur n’a-t-il pas d’ailleurs affirmé que cette unanimité passionnée et obtuse est révélatrice de l’exactitude de ses analyses ?
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