Avec la disparition de l'Union des républiques socialistes soviétiques, on a cru, à l'époque – c'était à la fin de 1991 –, qu'enfin le conflit latent avec le pays des Soviets allait se terminer et que la bonne entente allait régner entre Est et Ouest.
Et ce fut vrai pendant quelques années, le temps que l'ivrogne invétéré Boris Eltsine finisse de faire table rase avec les acquis de la Révolution et qu'il vende son pays aux moins offrants. Personne ne saurait dire, pendant les huit ans qu'il passa au pouvoir, s'il put à l'occasion émerger de son nuage éthylique pour contempler son saccage. La chose en soi restait sans importance; ce qui était important c'était que, dans l'état où la Russie avait été mise, elle ne représentait plus la moindre menace pour quiconque. Donc, à cette époque, elle – avec le grotesque Boris – était respectable.
Mais les choses ont bien changé, depuis. Désormais, dès que quelque chose cloche quelque part, la paranoïa anti-russe se réinstalle. Une partie de l'Ukraine se rebelle contre son gouvernement d'extrême droite? C'est la faute aux Russes. Des États hostiles à Washington parviennent à se maintenir? C'est à cause des Russes. Des problèmes de dopage semblent exister? C'est forcément un coup des seuls Russes. Des personnages ayant dénoncé les dérives stazuniennes échappent à la CIA? Les Russes s'en sont mêlés! Les empiètements de l'OTAN rencontrent de la résistance? Maudits Russes! Quelqu'un pirate une base de données en Amérique du Nord? Ne cherchez pas plus loin que chez les Russes. Des courriels embarrassants viennent plomber la campagne d'Hillary Clinton? Inutile de se demander si ce sont les Russes, voyons…
En d'autres termes, si quelque chose va mal quelque part, et que cela nuit à l'une ou l'autre capitale occidentale, il y a fort à parier que les Russes finiront par être blâmés. Et c'est d'autant plus facile de le faire que, s'il y a une totale absence d'indice, c'est bien la preuve que ce sont ces perfides Russes qui sont dans le coup!
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