Les bat-culottes
Au moment de la Révolution française, différentes factions se forment. Les sans-culottes constituent les républicains les plus ardents et les plus extrémistes. Ils tirent leur nom du fait que les hommes du peuple portaient le pantalon, tandis que la culotte était considérée comme un vêtement exclusivement aristocratique. Tandis que les sans-culottes prennent en quelque sorte le contrôle de la ferveur révolutionnaire, un sous-groupe se constitue dans leur ombre. Il s’agit des épouses des dirigeants révolutionnaires dont le rôle est de recruter d’autres femmes au service du peuple. Étant donné qu’elles adoptent, en bien des occasions, un discours encore plus virulent à l’encontre de l’aristocratie, leur groupuscule est rapidement nommé les bat-culottes. Des luttes intestines éclatent quant à l’orientation qu’elles désirent donner à leur action, certaines allant même jusqu’à exiger d’occuper une position de premier plan à l’Assemblée constituante. Clémentine Ilhon réussit à s’imposer en tant que dirigeante des bat-culottes, à faire rentrer dans le rang les plus contestatrices et à faire accepter à son mouvement un rôle secondaire. Cependant, entre-temps, la Révolution a dérapé et la Terreur s’installe avec, à sa tête, la figure redoutable de Robespierre. Remarquée par le Comité de salut public pour son zèle révolutionnaire, Clémentine Ilhon est appelée par Saint-Just à « ne plus fermer les yeux », confirmant les bat-culottes dans leur rôle de chien de garde de l’esprit révolutionnaire. Encouragées à dénoncer les aristocrates en fuite, les traîtres de tous poils et surtout les « voleurs de pain », les bat-culottes se déchaînent alors et fournissent, selon les décomptes de l’époque, prés de dix-huit pour cent des victimes de la guillotine. Non contentes de servir le bras de la justice, les bat-culottes organisent en plus les « présences » au moment des exécutions où, aux premiers rangs, elles conspuent les victimes et applaudissent chaleureusement les bourreaux. Elles deviennent par le fait même un des soutiens les plus actifs de Robespierre jusqu’au moment où son autorité commence à être remise en question. Elles ne peuvent empêcher sa chute, laquelle d’ailleurs entraîne la leur. Les bat-culottes sont alors pourchassées et arrêtées par toute la France. Cependant, ce sont les bat-culottes de Paris qui connaîtront le sort le moins enviable. Ses têtes dirigeantes figureront parmi les dernières victimes de la guillotine, les autres seront pour la plupart emprisonnées. Une poignée de bat-culottes parviennent à s’échapper, dont Clémentine Ilhon qui s’exile en Angleterre où elle sera empoisonnée, d’aucuns diront exécutée, le 10 octobre 1795 par une jeune aristocrate française également exilée.
– Henri Tournel – 320 p. – 1992 – Inspiré d’une thèse de doctorat publiée au début des années 1980, Henri Tournel a poursuivi les recherches afin de cerner les personnages qu’il tire de l’oubli de l’histoire, en particulier Clémentine Ilhon, pour qui il ne cache pas une admiration certaine.
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