mardi 2 août 2016

1 % de hasard

Le Quart-État
Giuseppe Pellizza (1901)


Lorsqu'il nous prend la mauvaise idée d'ouvrir le journal, on ne fait qu'aggraver le sentiment qui nous étreint au moment où on parcourt la une. Vives tensions raciales aux Stazunis, attaques terroristes en France, interventions militaires dans nombre de pays, guerre religieuse larvée entre Occident et Orient – le Proche, en tout cas –, sans compter les coups d'État et la course aux armements. En fin de compte, on n'en finit plus d'énumérer les dimensions conflictuelles qui minent nos sociétés et menacent à la fois la sérénité et la sécurité des citoyens dans plusieurs régions du monde.

Or que font nos dirigeants? Pas grand-chose.

Le cas français, un exemple parmi tant d'autres, est patent. Après chaque nouvelle attaque terroriste, on promet des mesures efficaces, lesquelles malheureusement se limitent à réduire les libertés fondamentales et à restreindre les droits civiques. Bien entendu, cette batterie de mesures, autant répressives qu'oppressives, n'empêchent jamais d'éventuels attentats de se produire; puis de se reproduire. On assiste ainsi à un extraordinaire étalage d'impuissance institutionnelle.

Il n'y a pas d'ailleurs que les dirigeants politiques qui semblent relativement indifférents devant ces menaces qui plombent notre avenir collectif. Les possédants, ceux que l'on nomme le «un pour cent» – et que j'appelle toujours quant à moi la haute bourgeoisie –, les sentez-vous déstabilisés, ou à tout le moins inquiets? Moi, pas. Certes, ils se font un peu de souci lorsque les indices boursiers fléchissent pendant 24 à 48 heures quand les nouvelles sont mauvaises. Ils encouragent alors le bon peuple à reprendre ses habitudes de consommation et à ne pas se laisser intimider par la situation qui prévaut.

Parce que, quel que soit le conflit qui déchire la société – qu'il soit politique, militaire, racial ou religieux –, ce n'est rien aux yeux des possédants. Non, la seule chose qui les empêcherait de dormir, ce serait la lutte de classes*.


* À ce propos, faut-il s'étonner que c'est justement en France, soumise depuis plusieurs mois à un profond conflit socioéconomique, que les attentats terroristes semblent surtout se concentrer? Quel hasard, tout de même.





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