vendredi 23 septembre 2022

Catalogue

 


Le ministère demeure entier


Intéressante étude sociopolitique portant sur l’organisation des gouvernements occidentaux. L’auteur, à la suite d’enquêtes menées des deux côtés de l’Atlantique auprès d’échantillons représentatifs, s’est intéressé à la conception que les gens ont de leur propre système gouvernemental. Ses conclusions lui ont permis de constater que la plupart des gens en Occident établissent une dualité au sein des appareils administratifs suivant que les ministères sont ou bien « productifs » ou bien « improductifs ». C’est-à-dire qu’ils contribuent à créer de la valeur ou non. Ainsi, pour la quasi-totalité des répondants, le ministère des Finances compte au nombre des ministères « productifs », tandis, par exemple, que le ministère de la Culture se trouve parmi les administrations « improductives ». Dans l’imaginaire collectif, en effet, la performance d’une administration, et donc sa productivité, s’évalue simplement selon que cette dernière produit ou absorbe des fonds publics. Il semble que la population n’ait qu’une conscience diffuse qu’aucune administration publique ne produit effectivement de richesse, sinon, souligne l’auteur, il y a belle lurette que le fisc n’aurait plus besoin de vider nos poches. Statistiques à l’appui, il démontre que, en moyenne en Occident, ce sont les ministères dits « productifs » qui se retrouvent le plus souvent au milieu de controverses ou de scandales au sujet de prévarications ou de gaspillage des fonds publics. L’explication, selon lui, est simple. Les ministères dits « improductifs », de par la défaveur dont ils souffrent, n’ont pas d’autre recours que de pratiquer une transparence exemplaire. À l’inverse, les ministères dits « productifs », comme celui de la Justice, par exemple, n’ayant pas à calmer la méfiance populaire, sont beaucoup plus libres d’agir à leur guise. De même, la rigueur avec laquelle les dépenses sont allouées n’est pas toujours au-dessus de tout reproche. En faisant appel aux rapports idoines dans les États où ils sont disponibles, l’auteur a démontré que, dans une proportion assez alarmante, ce sont les ministères « productifs » qui présentent les dépenses les plus élevées, toutes proportions gardées. Mauvaise administration, laxisme dans les allocations budgétaires et combien d’autres fautes encore, ce sont malgré tout les ministères les plus délinquants qui subissent le moins les foudres des vérificateurs ou de la justice (le ministère de la Justice étant, en moyenne, l’un des plus somptuaires en Occident). Quoi qu’il en soit des procédures administratives, et quelle que soit la gravité de la faute au sein d’un ministère, il n’en demeure pas moins que les sanctions sont rares et, en général, bénignes. En ce sens, le ministère reste entier.


 – Louis Lawu – 216 p. – 1990 – Démographe de formation, l’auteur s’est intéressé assez tôt à l’économie politique. Depuis qu’il a délaissé l’enseignement, il s’est consacré à demi temps à l’écriture. Il est également consultant auprès d’une firme d’ingénieurs.


Aucun commentaire: