Beaucoup de gens encensent les programmes d'austérité gouvernementaux qui doivent parvenir, dans un avenir mal défini, à assainir les finances publiques et – comme tout le reste qui se fait à nos dépens – nous assurer éventuellement une vie bien meilleure. À cet effet, peu d'exemples sont plus éloquents que la catastrophe de la tour Grenfell dans un quartier londonien.
Le 14 juin dernier, la tour en question a pris feu, causant ainsi près de 80 morts, et ce bilan est encore provisoire puisque, depuis, le chiffre est sans cesse revu à la hausse. Mentionnons que la majorité des résidants de Grenfell étaient des gens de couleur et que l'édifice était en fait une habitation pour personnes avec des revenus modestes. L'ironie, c'est qu'il avait été bâti dans un quartier de Londres plutôt fortuné.
Les reproches ont fusé, car on a jugé, avec raison, que le gouvernement avait été lent à réagir. Il fallut 3 jours à la première ministre avant qu'elle consente à visiter le site; il en fallu 4 avant qu'un centre soit mis sur pied afin de répondre aux questions des parents et amis à la recherche des leurs, tout au moins ceux qui avaient survécu au drame.
Mais là où le bât a surtout blessé, ce fut avant le désastre. Au cours des années qui ont précédé, les politiques d'austérité, telles que pratiquées partout, avaient eu raison de ce qui aurait pu prévenir la conflagration. Les compressions budgétaires avaient réduit les capacités d'intervention du service des incendies. De même, la privatisation de l'entretien des espaces locatifs avaient sans doute généré de juteux profits pour les entreprises, mais laissé les locaux dans un état lamentable.
À preuve, dès le mois de mai 2013, les locataires avaient été inquiétés de voir de la fumée produite par leurs appareils électriques; ils avaient alerté les responsables, mais pratiquement rien n'avait été fait. Il faut dire que la privatisation avait également restreint l'accès à ces responsables, lesquels, le plus souvent, retraitaient derrière des répondeurs téléphoniques et de la messagerie électronique plutôt que de résoudre ce genre de problèmes.
Combien y a-t-il encore de «tours Grenfell» dans le monde? Où se trouvent-elles? Sans doute, prochainement, les manchettes vont nous l'apprendre.
Trois semaines avant la catastrophe de Grenfell, un attentat à la bombe faisait 22 morts à Manchester. Le tollé fut unanime pour dénoncer, avec raison, le terrorisme qui avait commis cet inqualifiable forfait.
Mais s'il fallait juger à l'aune du nombre de victimes, on pourrait certes se demander ce qui est pire, du terrorisme ou de l'austérité.
lundi 19 juin 2017
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