mardi 15 septembre 2015

Derrière le Barreau


Après un long et lancinant battage qui a fait tremper dans la controverse tout l'appareillage du Barreau, cette vénérable institution regroupant les éléments les plus brillants et les plus intègres de la société, c'est-à-dire les avocats, l'affaire de la bâtonnière Lu Chan Khuong en est venue à sa conclusion finale.

On se souviendra que toute l'histoire avait commencé quand Mme Khuong avait été soupçonnée, à tort bien entendu, de vol à l’étalage. 

Elle avait présenté à la caisse d'une boutique de vêtements des pantalons à bas prix – achetés dans une autre succursale de la même chaîne –, alors qu'elle en avait essayé des semblables beaucoup plus coûteux, lesquels, par pure distraction il va sans dire, elle avait glissés dans un sac qu'elle avait apporté dans la cabine d'essayage. Qui songerait à trouver à redire? N'avons-nous pas tous coltiné des vêtements neufs et encore étiquetés hors de chez nous avant d'aller en acheter d'autres?

Comme tout un chacun l'aurait fait à sa place, elle avait négligé de vérifier le prix qu'on lui demandait, de sorte qu'elle n'avait jamais réalisé qu'elle sortait de la boutique en ayant payé une somme dérisoire pour des vêtements de luxe. De luxe ou pas, tous ces pantalons étaient à peu près du même genre, de la même coupe et de la même couleur. Quoi de plus normal? Qui ne déteste pas la variété vestimentaire?

Donc, les faits plaidant en sa faveur, la chaîne de boutiques avait à juste titre renoncé à porter plainte. Le conseil d'administration du Barreau, craignant peut-être que le public ne s'émeuve de l'histoire qui était demeurée totalement ignorée jusqu'alors, avait décidé de suspendre Mme Khuong.

Après un échange de menaces de poursuites, les deux parties en sont venues à une entente. Le Barreau accepte de maintenir «dans la mesure du possible» les politiques mises de l'avant par Mme Khuong et cette dernière remet sa démission. 

Bref, tout se termine à l'avantage des parties en cause. À commencer par nous-mêmes qui nous sentions tellement concernés par toute cette histoire absolument capitale.

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