mercredi 9 mars 2022

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Il vaut mieux un train communiste qu’un train à l’heure !


Peu après la Noël 1952, un chef de gare d’une petite ville de Russie Blanche fait face aux quolibets de ses concitoyens parce que l’unique train à desservir la ville en direction de la capitale est toujours en retard. Vassili, bien que de tempérament doux, demeure extrêmement chatouilleux sur tout ce qui touche le service et sur la bonne réputation des chemins de fer soviétiques. Un soir, alors que le train accuse un retard de plusieurs heures, il entrevoit avec angoisse le sort qui l’attendra le lendemain lorsque les usagers lui feront part de leurs commentaires. Excédé d’avoir à faire face sans broncher à l’acidité des railleries, il décide, sur un coup de tête, de se rendre à Moscou demander des explications. Une fois arrivé à destination, il se présente au directeur sans savoir qu’il porte le même nom que le commissaire responsable du transport ferroviaire pour la région de la capitale. Immédiatement traité avec déférence, d’autant plus qu’il porte un uniforme neuf qu’il a lui-même « décoré » afin de se donner une contenance, il est immédiatement dirigé vers le Kremlin où une conférence importante rassemble les principaux dirigeants moscovites. Il est même mis en présence du camarade Staline, mais ce dernier, qui prépare sa prochaine purge, ne semble pas d’humeur à se faire reprocher ses erreurs, aussi Vassili préfère-t-il jouer le jeu. Il est nommé, bien malgré lui, le conseiller de Staline en matière de transport ferroviaire au grand déplaisir des autres commissaires, le chef de la police en particulier, qui éprouvent bien des difficultés à identifier ce nouveau venu. Alors que la terreur s’installe et que l’éventualité d’une purge devient de plus en plus certaine, un seul garde la confiance du chef suprême : Vassili. Ce dernier entreprend donc de poursuivre ses propres objectifs, c’est-à-dire la régularisation du service ferroviaire. Cependant, ses pressions restent lettre morte. Peu de temps après, Staline meurt au grand soulagement de ses conseillers qui sentaient la menace se préciser au-dessus de leur tête. Alors que les factions se forment afin de se partager l’héritage politique du chef, Vassili se retrouve laissé pour compte lors des tractations. Considéré comme un reliquat de ce qu’on surnomme déjà « l’ancien régime », il se retrouve rapidement isolé. Sa compétence en matière de gestion des chemins de fer étant très tôt remise en question, il se voit offrir un choix clair, mais définitif, par le pouvoir montant : ou bien il renonce de bon gré à son poste, ou bien il se retrouvera à bord du prochain train à destination de la Sibérie. Dans un ultime sursaut, il pose une condition à son départ : que les trains ne soient plus jamais en retard à sa gare. Cette faveur accordée, il croit pouvoir rentrer chez lui l’esprit en paix. Cependant, les quolibets reprennent de plus belle lorsque les trains commencent à arriver en avance.


 – Richard Delanney – 352 p. – 1992 – Oeuvre hautement critique d’une certaine rigueur politique, ce roman, extrêmement populaire à sa parution, a trouvé des échos dans tous les milieux à cause de son indéniable objectivité.

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